Rencontre des étudiants de la promotion 2019-2022 avec leur parrain Michel Nadot

 

 

Rencontre des étudiants de la promotion 2019-2022 de l’IFSI avec leur parrain Michel Nadot

« M. NADOT a été infirmier… » en psychiatrie, « cadre de santé, « …professeur d’université à la Haute Ecole de Santé de Fribourg (Suisse) ».[1] Il est le fondateur du modèle conceptuel de l’intermédiaire culturel, de l’infirmière médiologue de santé en sciences infirmières de l’Europe francophone. M. NADOT a repris toutes les archives et recherché comment nos pratiques d’infirmières étaient nommées, c’est ce qu’il appelle les traditions de langage. Il les a classées dans une typologie selon 14 groupes de pratiques. Il en a déduit que le patient est au cœur de l’activité des infirmières mais que les soins directs ne constituent pas l’entièreté de son activité.

Son concept permet de rendre visible l’invisible de la pratique infirmière.

Dans la formation il est essentiel d’inscrire les étudiants dans une histoire professionnelle. Le parrain est un vecteur à l’initiative d’une réflexion sur le soin infirmier. Cette tradition du parrainage est mise en œuvre depuis environ 10 ans à l’IFSI.

A partir de l’ouvrage de M. NADOT : l’activité infirmière le modèle d’intermédiaire culturel, une réalité incontournable, les étudiants ont étudié :

  • En quoi les soins infirmiers sont-ils infirmiers ?
  • Le rôle de l’histoire pour une discipline.
  • A quoi servent les modèles théoriques ?
  • La posture de recherche.
  • Le milieu du soin, ou le médium singulier.
  • L’émergence des pratiques profanes.
  • La médiation de santé et ses critères.
  • L’intermédiaire culturel.
  • L’activité « infirmière » aujourd’hui ?
  • La médiologie de la santé et les 3 MED : Medium, Médiation et interMédiaire culturel ?

Un questionnaire argumenté a ensuite été envoyé au parrain pour se préparer à l’échange.

Le 8 novembre 2019 lors de la venue de M. NADOT, les étudiants ont découvert qu’une discipline professionnelle se fonde sur la connaissance des savoirs anciens d’où l’importance de s’intéresser à l’histoire.

A l’heure actuelle la discipline infirmière reste théorisée. Pour la faire reconnaître comme une science elle doit se dérouler dans une formation reconnue universitaire. Par ailleurs le modèle de M. NADOT est un modèle inductif, le seul existant à ce jour en lien avec le système culturel Franco Européen d’après lui. M. NADOT nous rend attentif à la profession et s’interroge sur les pratiques avancées alors que selon lui : « la pratique ordinaire de l’infirmière à ce jour n’est pas définie ». « …Il souligne l’importance d’inscrire les sciences infirmières dans les sciences humaines et constate que nos politiques instrumentalisent notre pratique professionnelle essentiellement au regard des sciences biomédicales ». Il précise que : « Les sciences infirmières pourraient se diviser en sciences de la santé ou encore en sciences humaines  mais que nous devons rester vigilants cependant aux amalgames ».

[1] NADOT Michel, BUSSET Frédérique, Jacqueline GROSS. L’activité infirmière le modèle d’intermédiaire culturel, une réalité incontournable. Paris : De boeck estem, 2013, 219 p.

En identifiant 14 groupes d’activités infirmières à son modèle, M. NADOT situe en grande partie la pratique dans des intermédiaires à savoir un « entre-deux » :

  • entre l’institution et le soignant,
  • entre le médical et le soignant,
  • et entre le patient, son entourage et le soignant.

Il nous révèle que ces activités ne sont pas centrées sur le patient. Les infirmiers ont besoin de faire valoir leur profession à partir d’une identification écrite et reconnue plus offensive de leurs activités.

Une recherche internationale sur l’exercice des soins infirmiers menée en 2003 en Suisse et au Canada a démontré que 72% de la pratique de l’infirmière est en lien avec la gestion des informations due à cette posture d’intermédiaire.

NADOT dit également : « qu’au niveau international il n’y a pas d’équivalence linguistique lorsqu’on parle des soins infirmiers. L’origine du mot nursing n’est pas traductible par soin infirmier qui renvoie à « enfermier qui veut dire enfer » origine religieuse et « nursing donner le sein, nourrir »

[1]. Les chercheurs constatent qu’il n ‘y a pas de consensus mondial trouvé.

Le terme de médiologie de la santé pourrait selon M.NADOT correspondre à nos activités ou alors il faudrait inventer un nouveau terme car rien ne correspond réellement à notre discipline.

 

En synthèse de cette journée les étudiants de la promotion M. NADOT retiennent que :

Par sa venue, M NADOT officialise le parrainage. Son parcours atypique nous laisse espérer à nous jeunes novices qu’il est possible d’évoluer peu importe nos origines et de jouer notre partition dans l’histoire de la profession.

NADOT nous a fait entendre sa vision de la profession à partir des éclairages théoriques de son modèle en soins infirmiers : le modèle d’intermédiaire culturel qui nous paraissait complexe lors de sa lecture. Nous nous sommes rendus compte en même temps qu’il était important de théoriser notre activité pour avoir des traces de notre pratique nécessaire à une discipline pour une science infirmière. Ce moment nous a permis d’échanger et de clarifier :

  • Les connaissances sur le soin infirmier. Elle s’exerce au regard du Familia qui comprend l’entourage, du Domus qui comprend le contexte des soins et de l’Hominem qui comprend la nature des soins à la personne.
  • L’importance d’avoir des informations historiques de l’évolution de l’identité, d’utiliser du vocabulaire professionnel une manière de légitimer les soins infirmiers et ainsi seulement de pouvoir affirmer une identité professionnelle.
  • En effet une connaissance de la nature des soins infirmiers nous permettra d’exercer dans des conditions optimisées et d’affirmer nos droits, et la qualité de notre travail.

NADOT a fait évoluer nos représentations et nous invite à chercher les raisons du manque de reconnaissance de la profession.

Enfin, nous avons perçue cette journée globalement positive. Elle nous a permis de nous rapprocher, de nous connaître et de commencer à clarifier notre choix à exercer la profession infirmière. La réflexion sur le soin infirmier devra se poursuivre avec lui à travers son nouvel ouvrage qui s’intéresse plus particulièrement à la qualité du soin infirmier. Nous aimerions à présent une découverte d’autres cultures professionnelles afin de se de saisir l’essence que nous voulons mettre dans notre quotidien d’infirmier(e). C’est pour tout cela que cette rencontre avec un parrain de promotion est importante, il a une valeur symbolique dans la quête du sens de notre enrichissement personnel et professionnel.

Et pour ne pas conclure nous nous invitons étudiants(e) d’aujourd’hui, infirmier(e) de demain cadre du futur

A rester sensibilisé au fait que l’infirmier doit avoir à cœur la relation humaine qui fait l’essence de la profession. Il est enfin temps de trouver du sens et de réfléchir à la profession qui fait qu’aujourd’hui elle existe encore, grâce aux traces du passé. Les mutations actuelles ont tendance à nous disperser en de multiples spécialités. A force de s’émietter que reste-t’-il de notre corps de métier ? La médiologie de la santé pourrait s’adapter aux évolutions en suivant les traditions de langage. Les 14 variables sont en phase avec l’évolution de la santé et du développement des nouvelles technologies qui se doivent de rester au service de l’homme.

Par ailleurs pour continuer sa réflexion, M.NADOT est actuellement sur la rédaction d’un nouvel ouvrage où il s’intéresse aux fondements de la discipline infirmière et nous comptons sur lui pour nous amener des précisions et de nouveaux éclairages à notre prochaine rencontre.

[1] NADOT Michel, Cérémonie du parrainage, Erstein : IFSI du Pays d’Erstein, 2019

La promotion Michel Nadot